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Journal sans détails
11 février 2011

Arraché.

Le ciel est couvert de symboles ; esquisses aiguisées par des siècles de fumée, des sourires sans-joie contemplent l'inlassable marche des hommes. Les rues sont couvertes de cris ; les murs tremblant de peur et de bruit s'effondrent en périphérie. Au centre s'élèvent des tours brunes, des tours de cuivre, des usines vaporeuses et les courbes sensuelles d'une serveuse anonyme, dans un restaurant sans âge. À chaque rue les mêmes apostrophes, les mêmes éclats de rire sevrés de leurs avenirs, et les jambes d'Audrey croisées à l'affût des murmures. Alex à son oreille « - Je te raccompagne chez toi? », et comme tous les soirs le soleil tombe alors qu'ils marchent côte à côte. Le trajet du retour est flou – perdu dans leurs pensées, tendus l'un vers l'autre en silence ; Une ellipse et de retour chez eux, le jeune homme dans sa chambre fixe une porte plus petite que lui. Audrey danse sous les paupières closes, l'iris devient de jade ; Alex se dit qu'il faudra lui parler de la porte. Demain, promis, ce sera l'heure des aveux, puis ils pourront se perdre ensemble. Un souffle plus tard et le voilà de l'autre côté ; ses genoux tremblant doivent se réhabituer, l'air doit s'accrocher aux poumons ; la tête lui tourne un peu. C'est bien l'endroit qu'il a déjà visité, le même que les soirs précédents. Le soleil décline et donne aux murs de la maison des reflets mauves, les carreaux opaques empêchent de voir à l'intérieur, mais Alex ne les quitte pas du regard. Il connaît par cœur la moindre Acanthe du jardin ; la moindre rose, le moindre cosmos ; Il n'est pas venu pour elles. Rampant à travers les fleurs sauvages, il s'approche de la maison puis se redresse face aux carreaux de la fenêtre. Plusieurs heures semblent s'écouler mais la nuit tarde à tomber – Alex garde espoir ; il n'a jamais été déçu. Ils apparaissent enfin de l'autre côté de la vitre ; les yeux gris sans visage ; le regard implacable du spectre, puis les contours se précisent et dévoilent des traits d'une beauté sans égale. La vitre s'évapore devant le corps tremblant du visiteur ; un voile noir heurte ses pupilles et il doit s'accrocher au rebord de la fenêtre pour ne pas s'effondrer. Ses jambes coupées par un immense frisson d'extase ; son crâne explose enfin. Le décor disparaît alors, ainsi que l'homme entre les bras d'Alex. Son regard de fer palpite encore quelques minutes à l'esprit du jeune homme, effondré sur le sol, haletant, le rouge aux joues. Audrey danse sous les paupières closes, l'iris devient de jade ; Alex se dit qu'il faudra lui parler de la porte. Demain, promis, ce sera l'heure des aveux, puis ils pourront se perdre ensemble.

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